VERS UN MONDE PLUS JUSTE, PLUS FRATERNEL

« Une tragédie mondiale comme la Covid-19 nous rappelle que nous sommes une communauté mondiale qui navigue dans le même bateau, où le mal de l’un porte préjudice à tous. … Personne ne peut se sauver seul, il n’est possible de se sauver qu’ensemble … Nous sommes tous frères (F.T32) ». C’est dans cet environnement que nous sommes convoqués à « soigner le grand virus de l’injustice sociale, de l’inégalité, de la marginalisation et du manque de protection des plus faibles », soigner à la fois le monde de la pandémie et les autres maladies sociales  apparues à la faveur de cette crise.

Message de fraternité pour tous les hommes de bonne volonté, “Fratelli tutti” est un défi lancé à nos modes de vie, un appel à « agir ensemble sur le chemin de la fraternité, de la connaissance réciproque et de la coopération pour le bien de l’humanité entière. N’est-ce pas l’occasion à ne pas manquer pour préparer un avenir meilleur, vers une plus grande solidarité mondiale». Dans les périphéries du monde comme chez les peuples premiers. « Personne n’est inutile, on peut apprendre quelque chose de chacun » (215) .Nous sommes conviés au «miracle de la gentillesse», une attitude à s’approprier  (222-224).

Aujourd’hui, un retour à la « normale » signifierait un air encore plus pollué, plus de terres inondées, plus de déforestation, plus de réfugiés climatiques … et surtout des conséquences dramatiques plus meurtrières que cette pandémie. Pensons simplement aux situations désastreuses vécues en ce moment au Nord comme au Sud et relatées chaque jour par les média. ! « Allons-nous continuer avec ce système économique d’injustice sociale et de mépris pour la sauvegarde de l’environnement, de la création, de la maison commune ? » Dans une économie où la référence est et reste la croissance des richesses, la consommation à outrance, fortement encouragée par la publicité, aspirer à une vie plus saine, peut sembler difficile à imaginer et mettre en pratique.

Selon le Pape François, c’est sur la solidarité qu’une nouvelle société « saine, inclusive, juste et pacifique » pourra émerger, « la solidarité est précisément une voie pour sortir meilleurs de la crise ». Il nous convoque à l’espérance : « Encourageons-nous à rêver …, N’essayons pas de reconstruire le passé, surtout celui qui était déjà injuste et malade. …Tout n’est pas perdu …, les êtres humains peuvent se régénérer …, initier de nouveaux chemins vers la liberté » LS205  Nous sommes tous invités à nous impliquer dans « ce processus de guérison ».

Quand la fin de la pandémie le permettra, donnons-nous rendez-vous pour que plus de fraternité puisse rendre le monde plus humain. Écoutons Christian Bobin : « Il nous faudrait apprendre à compter un par un chaque visage, … en donnant à chacun la lumière qui lui revient dans cette vie obscure » ( L’Inespérée, Gallimard, 1994, p.130-131).

Tous celles et tous ceux qui souhaitent léguer un monde plus juste et plus durable aux jeunes générations, sont invités au voyage.

Sœur Anne Marie Mabon