L’Assemblée plénière de l’Union Internationale des Supérieures Générales (UISG) qui s’est déroulée à Rome en mai 2019 a été un temps de grâce, une véritable Pentecôte de la Vie religieuse. Nous y avons été invitées à devenir semeuses d’espérance prophétique, là où nous sommes. Mais comment chacune d’entre nous peut-elle semer l’espérance ?
Regardons trois réalités du continent américain qui peuvent nous inspirer.1.
Quand l’ouragan Maria a dévasté l’île de Porto Rico, il a non seulement provoqué des désastres terribles parmi les habitants, mais il a également détruit la magnifique barrière de corail. Alors, des plongeurs bénévoles ont entrepris de réparer ce merveilleux récif, à l’aide de petits seaux, en restaurant un corail à la fois. Comme cela pouvait paraître futile et dérisoire face à l’ampleur des dégâts ! Pourtant, ces hommes de bonne volonté ont restauré la dignité de la création, un corail à la fois.
A la frontière entre le Mexique et les États-Unis, des milliers d’adultes et d’enfants affluent pour demander l’hospitalité. Des sœurs se sont mobilisées, en particulier au Texas, avec des bénévoles en grand nombre. Mais comment accueillir tous ces migrants sans être dépassées ? Les autorités locales ont demandé à une sœur engagée dans l’accueil : « Que faites-vous ici ? » Elle a répondu : « Je restaure la dignité humaine. » Par une simple hospitalité, cette religieuse restaure la dignité humaine, une personne à la fois.
En Colombie, les cartels, les militaires et les paramilitaires ont laissé les villes et les familles dévastées par des affrontements sanglants. Un douloureux processus de réconciliation est en route. À Bogota, dans une organisation qui travaille pour la paix – Alas Nuevas -, des femmes ont commencé à élever des papillons, dans un atelier de réinsertion. Mais comment l’élevage de papillons peut-il changer le cours des choses dans un pays si traumatisé ? Encore une fois, doucement, simplement, elles restaurent la paix, un papillon à la fois.
C’est le propre de la vie religieuse de prendre soin de l’humanité, une personne à la fois, humblement, passionnément. C’est ainsi qu’elle témoigne de la compassion, un jour à la fois, un geste à la fois. C’est justement le propre de notre Congrégation, dont la devise est « Ranimer la foi et restaurer les mœurs », de vivre cet appel à ranimer la flamme de l’espérance et à restaurer la création, restaurer la paix, restaurer la dignité humaine.
Un corail à la fois, un papillon à la fois, une personne à la fois.
Que le Chapitre Général 2019 nous stimule dans cette belle vocation de semeuses d’espérance prophétique !
Sr Anne Chapell – Angelica n°56 – Juin 2019
1.Sr Teresa Maya, « Une vision pour le futur de la vie religieuse », Assemblée plénière de l’UISG, Rome 6 mai 2019