La formule, curieuse, est du Père Adolfo Nicolas, ancien Père général des jésuites. On pourrait croire spontanément que le contraire de la distraction, c’est la concentration. Mais nous avons beau nous efforcer, froncer les sourcils, nos idées s’en vont, malgré nous, faire l’école buissonnière et les distractions s’engouffrent dans notre esprit. Nous nous plaignons de distractions dans la prière. Mais ne sommes-nous pas distraites dans bien d’autres domaines de notre vie, de notre travail, de notre mission ? Ne sommes-nous pas, finalement, de grandes distraites devant le Seigneur ? Car est distraction tout ce qui nous éloigne de Dieu. Le propre des authentiques figures spirituelles, au nombre desquelles Angélique, c’est d’avoir été « centrées » sur l’essentiel. Elles ont reconnu le feu qui les attirait dans la personne du Christ : sans distraction, sans perte d’énergie, elles se sont consacrées totalement à Lui. Lorsque nous devenons religieuses, les distractions se font plus subtiles. Même en vivant une vie honnête et charitable, je peux me laisser distraire par une idéologie, par des convictions bien arrêtées, par le souci de la popularité et d’être bien vue, et même par la mission quand elle devient mon affaire personnelle. La plus grande source de distraction, en somme, c’est mon ego ! La période de confinement que nous traversons toutes opère une sorte de sevrage des distractions. Nous sommes ramenées à notre « centre », notre essentiel. Nous nous recentrons, nous nous consacrons à ce qui a du prix dans notre existence. Et nous reconnaissons peu à peu que notre consécration religieuse est un engagement total, centré sur le Christ. Nous comprenons alors que la consécration, c’est le contraire de la distraction, le contraire de ce qui nous éparpille dans notre vie. En ce mois de juin, que le Cœur du Christ concentre toute notre attention et notre désir.
Sr Anne – Esperanza n°6 – Juin 2020