FLAMME et SOUFFLE

C’est Pentecôte aujourd’hui, ici à la Cité Saint Pierre, dans notre ville de Lourdes,
et partout dans le monde.

  • La flamme olympique a traversé, tout à l’heure, la ville et ses sanctuaires avec beaucoup plus de spectateurs sans doute que nous ne sommes à la messe. J’ai amené le journal d’aujourd’hui ! Je lis : « Nadia, aide soignante à l’hôpital de Lourdes, souffrant d’endométriose, 35 ans, passionnée de montagne, portera la flamme dans sa ville de Lannemezan. Je suis très fière d’avoir été retenue pour ce parcours. Je voudrais dire aux jeunes qu’il ne faut pas baisser les bras ni se décourager, même si on a un truc qui ne marche pas. On peut faire beaucoup de belles choses ». Je ne sais pas si Nadia est croyante, pratiquante, musulmane ou bouddhiste ou sans religion. Peu importe ! Mais elle est animée d’une flamme et elle la transmet. C’est Pentecôte aujourd’hui à Lourdes, même en dehors des sanctuaires !

  • Sur internet, je lis ce fait divers : Islam (c’est un prénom ; on devine sa religion facilement !) Islam donc , réfugié sans papier de 24 ans, a pris des risques énormes en se précipitant sur les voies du métro pour en tirer un homme, (un français, de quelle religion ? je ne sais !) qui voulait se suicider. C’était Pentecôte hier à Paris dans cette station de métro !

C’est Pentecôte aujourd’hui partout ! La prière d’ouverture de la messe est déjà réalisée. (En partie seulement ! Je ne suis quand même pas naïf !) : « Répands les dons du Saint Esprit sur l’immensité du monde ! »

En préparant le chapelet mercredi avec une équipe de bénévoles et pèlerins, nous avons découvert que la traduction Bayard de la Bible parlait du « Souffle Saint » pour l’Esprit-Saint. Traduction juste qui stimule et renouvelle notre réflexion et notre prière. Nous avons beaucoup échangé aussi lors du partage biblique de vendredi soir sur le souffle et la flamme.

Un jeune pèlerin de 35 ans, sur la route de Compostelle, m’a confié comment ce Souffle a habité sa réflexion au cours des journées passées à Lourdes, quatre au lieu des deux prévues. Et il a repris le chemin hier, habité par ce souffle. Il m’en a transmis un peu, un peu beaucoup même ! Sans dévoiler ce que j’ai eu la grâce de partager avec lui, je retiens ceci : le souffle est reçu et il est fait pour être donné ! C’est le double mouvement de l’inspir et de l’expir. Double mouvement de la vie. J’inspire : l’air rentre en moi. J’expire : je redonne ce souffle. Un jour, ce sera mon dernier souffle, parce qu’il n’y aura plus d’inspir. Je terminerai donc en donnant mon dernier souffle, en donnant ma vie, en donnant la vie, en mourant !

Le souffle est reçu. Notre vie est reçue de nos parents qui l’avaient eux-mêmes reçue de leurs parents. Et on peut remonter ainsi, à travers les générations, jusqu’à Dieu le Père, source de la vie et de l’amour. Nous avons reçu non seulement la vie biologique mais l’éducation, la culture, la foi éventuellement, mais aussi les fragilités et les blessures de nos histoires familiales. Nous avons reçu le souffle aussi de nos éducateurs, de tous ceux qui ont croisé nos existences et nous ont marqué d’une manière ou d’une autre. Faisons l’inventaire et disons merci à Dieu pour tous ceux et celles qui ont donné du souffle à nos vies.

Le souffle est fait pour être donné ! Physiquement, dans notre corps, on ne peut retenir l’air inspiré bien longtemps : il faut expirer ! Qu’est ce que je suis appelé à donner, à redonner, de ce que j’ai reçu, ou plus exactement de ce que j’ai fait de ce que j’ai reçu ? La plupart d’entre vous, vous avez donné la vie à des enfants qui ont eux-mêmes peut être déjà engendré d’autres enfants. Émerveillons-nous de cette capacité de donner la vie confiée par Dieu aux femmes et aux hommes. Émerveillons-nous de la beauté de l’amour humain et de la sexualité humaine ! Émerveillons-nous avec ceux qui donnent leur vie pour de grandes causes, ou à travers l’art, la création, et pour ceux qui donnent leur vie dans les gestes humbles du quotidien et du service. Comme le disait encore mon pèlerin : « Je voudrais vivre l’extraordinaire dans l’ordinaire ! »

Pendant quelques moments de silence, pour préparer notre prière universelle partagée spontanément, cherchons quel merci nous pourrons dire à Dieu pour ce que nous avons reçu. Prions pour ceux et celles à qui nous voudrions donner du souffle pour leur vie !

Homélie de Pentecôte à la Cité Saint Pierre 19/05/24

P. Jean-François Penhouët, mdf – aumônier de la Cité St Pierre