La chlorophylle est ce qui permet de transformer l’énergie lumineuse en glucides à partir du gaz carbonique et de l’eau. Ainsi, d’une certaine façon, les végétaux se nourrissent de lumière. L’être humain est aussi appelé à se nourrir de lumière. Et la lumière nous est donnée dans le Christ. Le Christ lui-même se nourrit de la volonté de son Père : « Ma nourriture est de faire la volonté de Celui qui m’envoie » Jn 4,34.
Cependant, se nourrir de lumière demande un véritable effort car ce sont les ténèbres qui sont le plus immédiatement accessibles à notre consommation quotidienne : temps de pandémie mondiale, catastrophes naturelles (inondations, incendies), scandales des abus dans l’Église, atteinte à la démocratie dans tant de pays, migrants repoussés aux périphéries du monde dominant …
Il devient alors nécessaire de développer une chlorophylle personnelle (et collective ?) qui permette de se nourrir de lumière. C’est un des enjeux de l’écologie intégrale. De quelle chlorophylle s’agit-il ? Pour nous religieuses, c’est probablement la fréquentation assidue de la Parole de Dieu, la prière, le recours aux sacrements : voilà notre kit de chlorophylle pour transformer l’énergie lumineuse en nourriture consistante de notre existence. Du coup, l’alternative se présente à chacune de nous : se nourrir de lumière ou se nourrir de ténèbres. La philosophe Simone Weil, décédée en 1943, le rappelle de façon très claire dans « La Pesanteur et la Grâce » : « Il n’y a qu’une faute : ne pas avoir la capacité de se nourrir de lumière. Car cette capacité étant abolie, toutes les fautes sont possibles. » Et se nourrir de lumière, c’est, finalement, contribuer à faire vivre la fraternité intégrale selon l’appel du pape François dans sa dernière Encyclique, « Fratelli tutti ». De la lumière à l’amitié universelle …
Sr Anne Chapell, Esperanza – Bulletin de liaison des Entités N°9 – Novembre 2020