Angélique avait vingt-deux ans quand éclata la Révolution. (…) Les campagnes ne commencèrent à s’émouvoir qu’après la promulgation de la Constitution civile du Clergé, quand on se mit à persécuter les prêtres fidèles et qu’on voulut imposer aux paroisses des curés assermentés, des “juroux” comme on les appelait par dérision. (…)
C’est alors que commença pour Angélique Le Sourd un rôle de dévouement incessant, souvent périlleux, parfois héroïque. Sa maison était toujours ouverte à ces prêtres réfractaires, sans cesse traqués par les Bleus, et c’est grâce à elle que plusieurs d’entre eux purent échapper à la mort ou à la prison. Sans le moindre souci des dangers auxquels elle s’exposait, elle les guidait la nuit vers la demeure des mourants et leur facilitait les moyens de dire la messe dans des retraites sûres, à l’abri des regards malveillants. Celui dont le nom est resté le plus populaire dans le pays est Monsieur Monnier. (…) Il était originaire du Boschet en Saint Jacut. (…) Angélique fut son auxiliaire la plus dévouée. (…)
Chanoine Guyot. p.23-24 (1921)